Véritable joyau architectural, l'église Saint-Martin se distingue par son chœur qui passe au dessus de la rue Galande.
Projet de rénovation de l'église
La Municipalité organise une réunion publique de présentation du projet de rénovation de l’église Saint-Martin lundi 16 décembre à 19h à l'église Saint-Martin.
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Au premier siècle de notre ère, Saint Nicaire, disciple de Saint Denis, résida dans notre région pour évangéliser les habitants des bords de Seine à Conflans-Sainte-Honorine et à Mantes-la-Jolie en passant par Triel (Triellum en langue latine), prouvant l’origine de la commune.
Triel tirerait son nom de l’existence de trois îles formées par le cours de la Seine à l’endroit où la voie romaine franchissait le fleuve.
Au Moyen-Âge, Triel n’a sans doute pas joué un rôle historique très important, sans doute parce que cette commune faisait partie, sous les rois Carolingiens, du Comité de Meulan qui bordait les deux rives de la Seine, jusqu’à Vernon. Les chroniques de l’époque mentionnent seulement l’octroi à Triel en 1221, par Philippe Auguste du statut de ville affranchie et la construction au XIIIème siècle, du premier château, détruit sous la révolution.
L’église, commencée sous Saint Louis, au milieu du XIIIème siècle, s’élève sur les fondations d’un édifice cultuel plus ancien, ainsi que l’atteste la découverte de sarcophages mérovingiens que l’on peut admirer au musée des antiquités nationales à St Germain-en-Laye. De cette construction primitive subsistent la nef et ses deux bas-côtés, le transept et les deux travées qui précèdent la montée au chœur.
La restauration entreprise au XVIème siècle avec la construction du chœur, au-dessus du "chemin du Roy" afin de laisser un passage pour les piétons, comme le prévoyaient les édits royaux, lui donne ce caractère original que l’on ne rencontre que dans deux autres églises en France seulement. On raconte que le Roi-Soleil de retour de la chasse, assista à une messe, sous cette voûte, tout en restant assis sur la selle de son cheval. Rappelons au passage que la nourrice de Louis XIV fut Trielloise, ceci peut expliquer la présence de Louis XIV en ce lieu.
Du XIIIème au XVème siècle, la terre de Triel fait partie du domaine du Roi, puis au cours du XVIIème siècle, une partie est achetée par la famille BRUART, une des plus anciennes "familles de robe" de France.
C’est à cette époque que Jacques II, dernier descendant des Stuart, en exil à St Germain-en-Laye, aurait déposé à Triel, dans un couvent de moines, des trésors considérables emportés d’Angleterre en 1689, notamment la couronne royale. Une comtesse venue d’Ecosse recherchera ce trésor à grands frais, explosifs à l’appui, durant près de cinquante années. A-t-elle trouvé en fin de compte son Eldorado ? nul ne le sait…son entreprise pour le moins mystérieuse vous sera contée dans un prochain Triel-Info. En attendant, l’énigme demeure…
Au XVIIIème siècle, Triel fut le lieu de rendez-vous d’hommes illustres qui s’y rencontraient dans la maison du Sieur Parnajon, conseiller du Roi et Prévôt royal ; le jurisconsulte Treilhard, l’un des rédacteurs du Code Civil, le conventionnel Chamfort, Cabanis, ami de Mirabeau, Crébillon le romancier, le statuaire Jean Houdon à qui l’on doit l’un des plus beaux portraits de Voltaire….
Une crypte renaissance
Saviez vous que l’église de Triel comportait une crypte d’un style très rare ? (il n’en existe que trois ou quatre de semblables en Europe).
Ce qui fait sa principale originalité est qu’on l’a construite non pour des raisons religieuses, à cette époque le culte des reliques et des martyrs avait presque disparu, mais pour des raisons architectoniques. Lorsqu’aux environs des années 1550 on décida d’agrandir la partie orientale de l’église, il fallut respecter la "servitude" de la route d’utilité publique, dite chemin du Roi (rue Galande), la seule vraiment praticable pour se rendre au hameau de Cheverchemont et sur le plateau de l’Hautil. Aussi, après avoir abattu l’abside du XIIIème siècle, il fallut enjamber le chemin par une voûte et de l’autre côté construire une crypte pour racheter le niveau et supporter le nouveau choeur.
Où se situe-t-elle et à quoi ressemble t elle ?
On y accède par deux portes percées dans le souterrain qui passe sous l’église ou par un escalier à vis qui débouche dans le choeur ( actuellement fermé par une dalle). Un couloir semi-circulaire, formant un déambulatoire, permet d’en faire le tour. Ce large couloir est dépourvu de chapelles et est éclairé par des oculi. La partie centrale de la crypte comporte, outre l’escalier à vis, une salle rectangulaire voûtée d’un berceau transversal divisé par deux arcs. On a pu facilement dater la crypte grâce à ses décors caractéristiques du XVIème siècle. On y retrouve des décors de feuilles entourant un fruit, une rosace, un visage, sur la voûte axiale un blason représentant les Instruments de la Passion et sur l’abside on trouve trois croissants qui sont les armes d’Henri II. Le style de cette crypte est donc totalement original et a du représenter un exercice de style auquel les bâtisseurs de la Renaissance n’étaient pas habitués.
Source : Revue du Conseil Général, Connaître les Yvelines, 2ème trimestre 1990.